jeudi 25 octobre 2007

A CHACUN SA GOULETTE...

LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS
L’ENFANT DE LA GOULETTE
PAR ALBERT SIMEONI ( BEBERT)
18/6/1989


‘A CHACUN SA GOULETTE’


“...J’ai essoré ma cervelle pour en tirer la substantifique moelle c’est à dire quelques souvenirs dormants dans ma mémoire vieillissante. Je les ai classés à mesure qu’ils dégoulinaient de mon front sur ma feuille vierge.... !’

Du décor dans lequel je vivais, et qui ne ressemblait en rien au Château de Versailles, j’ai appris à me mettre debout en m'agrippant aux rebords d’un cube en bois de 80 cm x 80 cm.
C’était mon espace réduit dans lequel , enveloppé dans une “lebda” (petite couverture en coton ) je polluais à profusion le fond de ma”prison” jusqu’à un âge assez avancè. Mes petits frères , à l’époque , ont connu le même sort . C’est peut être pour cela qu’aujourd’hui les caissons en bois me font flipper.

Vers l’âge de 4 ans, ma mère eût la sublime idée de me mettre à même le sol et pouvoir ainsi respirer l’air de la liberté. Je gambadais dans les deux pièces étroites que nous partagions mon père , ma mère , mon oncle , ma grand-mère maternelle et enfin ma tante plus les deux petits derniers.

L’espace vital, comme on le dit aujourd’hui se mesurait en cm2 et non pas au m2 soit environ 35 OOO cm2 (35 M2) c’est à dire 5000 CM2 par personne. Faites le calcul pour les M2. Il fallait plier et déplier la table pour passer d’une chambre à l’autre et quand le soir arrivait, il fallait ouvrir deux lits de camp pour sommeiller.

Il nous arrivait parfois de dormir à trois dans un divan quand le pied du lit , de camp en bois de mon oncle, s’affaissait sous son poids en pleine nuit. Le héros du soir se retrouvait les fesses à terre gesticulant comme un forcenè. Il paraissait si misérable du haut de ses 1M85 qu’il nous fallait beaucoup de retenue pour ne pas en rire aux larmes ; nous rions quand même devant lui sans honte puisque la situation l’exigeait . C’était peu glorieux mais que voulez-vous quand on est enfant et né pauvre , le rire fait souvent oublier la richesse, qu’aujourd’hui encore, devenus adultes biens, nous ignorions ce que cela veut bien dire. Nous sommes restés humbles à l’image de nos naissances.

L’air dans notre maison était chauffé en hiver par nos respirations. L’été nous ouvrions le balcon et la fenêtre et parfois la porte pour faire courant d’air.

Il arrivait souvent, que la culotte ou le pantalon étendu aux barreaux, s’envole et il m’appartenait de dévaler, le soir les 28 marches de l’immeuble pour récupérer cette pièce d’étoffe mille fois rapiécée.

Cette antiquité aurait eu beaucoup de succès à la salle des ventes Drouot. L’étè était aussi la période propice pour faire le grand nettoyage. Ce que j’appréciais le plus, c’était la montée à la terrasse de nos vieux sommiers en fer que mon oncle repeignait.
Il commençait d’abord par arroser d’alcool les jointures pour y mettre le feu.
Cette opération avait pour but de faire rôtir les grosses punaises que l’on voyait s’échapper en colonie, gavées de notre précieux sang d’enfant encore vierge. J’éprouvais un immense plaisir à respirer cette odeur âcre d’alcool et de ‘chair brûlée’, car une fois débarrassées de ces bestioles, nous n’allions plus écraser, ces sales créatures qui courraient sur les murs, de nos doigts ; ce qui laissait des traînés de sang séché sur les murs blancs de nos chambres devenues pourpres pour une bonne partie ...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce caisson doit être probablement une caisse de thé mon petit frére à "vécu" aussi dans ce genre de caisson sa petite enfance avec pour fond de caisse un bout de peau de mouton (jeld) et cette odeur de pisse persistante...quel souvenirs. J'aime bien l'athmosphère qui se dégage de ton blog que j'ai ajouté à mes sites préférés. Bonne route à ton théâtre Breitou

Unknown a dit…

Cher Breitou (ou Jano je ne sais plus trop!!) c'est toujours un plaisir de te lire, continue à nous régaler! merci

Portalis

Breitou a dit…

Je suis emu par vos commentaires.
La sensibilitè chez moi est une maladie.
Et si on plus des hommes ou des femmes de mon pays OMMI EL HANINE LA GOULETTE me lisent alors là, je vis un bonheur immense.

Mille mercis.

Portalis, azwaw vous me faites un grand honneur de me lire ici.
On va se régaler tous ensemble.

Breitou a dit…

Portalis, si tu me lis vient aux SALON DES DATTES CE SOIR vers les 20 heures.
Merci. Je t'attends.

Breitou a dit…

Azwaw, ce caisson en bois fut ma cage. Voilà pourquoi aujourd'hui les caisses en génèrale me font flipper. Sendouq l'appellait allah yarhama ma grand-mère Meiha.
Je faisais tout dedans.

Anonyme a dit…

Désolé Breitou je n'ai pas pu lire ton message plus tôt, je vais essayer de passer mercredi soir!
Merci