D’une source jaillit l’eau vive.
Les souvenirs sont ainsi.
Limpides et clairs. Et s’étirent.
Ils coulent sur le lit de ton enfance.
Cette mémoire dorée d’antan.
Des chants, des odeurs, des petits pas, des blas blas
Des parfums, des effluves qui ne te quittent pas.
Des photos, des paroles sages que tu n’oublies, n’est ce pas... !
Et soudain tout redevient magique comme par enchantement.
Le rideau s’ouvre, spectateurs, sur sa scène
Sur ses planches vernies défilent ses envies,
Ses contes et histoires souvent narrés par l’ancien sur le seuil d’une skiffa.
Pas loin d’un ‘bir’*où dort l’eau sereine n’est ce pas ... ! * Puits.
Qui rappelle le reflet d’un visage d’enfante.
Où d’un cep de vigne qui pousse et s’étale malgré les ans.
Vétuste sans doute mais toujours vert à ton regard d’aujourd’hui.
Le voilà qui longe des années plus tard la lisière de ta mémoire.
Sans vieillir, il s’abreuve en secret
Sans perdre ses racines, il vit comme vit en toi
Ta petite jeunesse jolie
Et aujourd’hui femme épanouie.
L’oubli s’oubli lorsque le vent du passé caresse
La palette de tes couleurs dont tu connais l’ivresse.
Heureuse icelle qui revient de loin, pépé
Pour redonner vie à celui qui ne meurt jamais.
Elle aurait pu dire Mesdames et Messieurs
‘...Peindre est ma vraie nature... !’
Car qui peint son pays peint aussi l’amour.
Car qui écrit, dessine sa vie et nul mot dérisoire
Soit t’il n’est vain lorsque coule dans ses veines
Sa nostalgie.
Lorsqu’il s’agit de la croquer, son goût est amer
Mais lorsqu’on la vit en secret dans son cœur
Par sa plume ou son pinceau, alors monte la sève
De la renaissance, de la reconnaissance.
L’ingrat n’a pas de foi.
La gratitude mérite toutes les religions.
C est de bon aloi.
Elle aurait pu dire
‘...Et combien même je peindrai... !’
Et j’aurai pu dire
‘...Et combien même j’écrirai... !’
Que de combien lorsque l’on songe à l’autre.
A celui qui nous a bercé pas loin des terres arides
Mais auprès de l’eau saumâtre qui donne rendez vous
Aux soleils levants ou couchants.
Lorsque ma mère me dit...
‘...Touacht blédi... !’ ‘ J’ai langui mon pays... !)
Je la regarde ma vieille, sans mouiller mes yeux
Mais mon cœur bave la pluie du souvenir.
Je me gave cependant de que j’ai vécu
La tête tournée vers mon horizon.
Hélas, je trébuche à chaque fois lorsque je vois devant moi
Ce pays que je n’aime pas.
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